Agroforesterie: Le DG de Bara expose les difficultés rencontrées à un atelier du Pnud

Agroforesterie: Le DG de Bara expose les difficultés rencontrées à un atelier du Pnud

 

Agroforesterie Bara Agricole – A l’initiative de du Pnud, s’est tenu, mardi 27 septembre 2022 à Abidjan un atelier portant sur une consultation nationale sur la Déclaration de New York sur les forêts. Ce conclave avait pour thème: «comment construire des partenariats solides, identifier les lacunes et assurer la cohérence et la complémentarité des actions sur les initiatives clés sur la forêt et l’agriculture». A l’occasion, Arouna Kountchébé, Directeur de Bara a fait une intervention sur l’agroforesterie. Ci-dessous l’intégralité de son intervention.

Mesdames et messieurs en vos grades, rangs et qualité

Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de donner le point de vue des coopératives et des producteurs sur l’agroforesterie qui doit être au cœur de la durabilité afin de lutter contre la déforestation et le changement climatique. Les coopératives sont conscientes  des défis qui les attendent par rapport à la directive de l’Union européenne zéro déforestation qui entrera en vigueur en 2024.

Les producteurs sont déjà impliqués dans la préservation de l’environnement car dans le cadre des programmes de durabilité, les exportateurs leur demande de planter des arbres dans les plantations.  Ma coopérative Bara située à Biancouma  est effectivement bénéficiaire de ces programmes avec plusieurs de nos partenaires. Les partenaires donnent des plants d’arbres aux producteurs pour les replanter.

Cependant, les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous et nous allons vous en donner les raisons. Tout d’abord le constat est que les producteurs ne prennent pas soin de ces plants ou même ne les plantent pas, ce qui fait que le taux de perdition de ces plants est extrêmement élevé. Quelles sont les raisons de ce comportement des producteurs? Il y a plusieurs raisons :

premièrement, le producteur n’est pas associé au choix des plants. Il ne se sent donc pas concerné par l’entretien des plants qu’on lui donne. Parfois, ce sont des plants qui ne    sont pas communs et que les producteurs n’utilisent pas dans la région.

deuxièmement, il n’y a pas de sensibilisation qui est faite par les exportateurs aux coopératives et aux producteurs sur l’agroforesterie d’autant plus que dans les années 50 et 60, le Conseil agricole recommandait de ne pas planter des arbres dans les plantations. Comme vous le savez les producteurs sont âgés et ont retenu ce point. Le producteur  n’est donc pas sensibilisé  sur les risques de la déforestation et du changement climatique et du rôle important qu’apporte les arbres dans ce contexte

troisièmement, les plants sont donnés directement. Pour impliquer Les producteurs, il faut qu’ils soient formés eux-mêmes  à mettre en place et à entretenir leur propre pépinière d’arbres d’ombrage. Le producteur doit également être rémunéré pour l’entretien de ces plants afin de garantir la croissance de l’arbre.

quatrièmement et le plus préoccupant, c’est le phénomène des exploitants forestiers  qui profitent de la faiblesse des planteurs  pour couper les grands arbres dans les plantations des producteurs. Contre le gré des producteurs qui sont le maillon faible de la chaîne, ces exploitants forestiers entrent dans les plantations  avec des bulldozers pour abattre des arbres et détruisent ensuite les plantations pour faire sortir les troncs abattus.

Agroforesterie Bara Agricole: Le DG de Baracoop CA exposant les problèmes liés rencontrés
Le DG Arouna Kountchébé

A titre d’exemple, ma coopérative a vu entre janvier 2020 et juillet 2022  une douzaine de ses plantations  détruites dans le cadre de l’abattage des arbres par les exploitants forestiers. Nous avons fait des recours auprès des autorités compétentes mais nos plaintes sont restées  sans suite. Nous avons par la suite soumis ce problème au niveau du ministère des eaux et forêts et nous espérons que des mesures seront prises en faveur des producteurs. Si nos plaintes aboutissent ce sera enfin une occasion de montrer aux producteurs que les exploitants forestiers peuvent être poursuivis pour leurs actes.

Cette situation fait que les producteurs se disent à quoi bon planter des arbres qui seront détruits par les forestiers et que l’existence de cet arbre  peut être la  cause de la destruction de leur plantation.

Face à tous ces problèmes il est important donc de réfléchir à de nouveaux types d’approche pour faire fonctionner l’agroforesterie dans notre secteur cacao. Nous proposons de faire des conventions directement avec les organisations des producteurs eux-mêmes, comme l’Aspcacc (l’association des Pca des sociétés coopératives de café-cacao), le RICE (le réseau ivoirien de commerce équitable), les sociétés coopératives elles -mêmes, car nous sommes des producteurs et sommes les mieux habilités à travailler sur les questions qui concernent nos champs.

Nous demandons également à être formés sur l’agroforesterie, de savoir son intérêt pour lutter contre la déforestation et le changement climatique, ses objectifs, les activités à mettre en place afin de reproduire cette sensibilisation auprès de nos producteurs qui prendront, nous en sommes certains, soin des plants sélectionnés par eux- mêmes.

Il faudrait également qu’il y ait une sensibilisation des coopératives et producteurs sur la directive de l’Union européenne et un accompagnement financier pour l’achat de plants, la mise en place de pépinières et l’entretien des arbres par les producteurs

Arouna Kountchébé

Directeur BARA, Biancouma

Membre de l’Aspcacc

 

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